Un combustible à partir
de déchets graisseux
 
Spécialisée dans la fabrication de chaudières industrielles et dans le traitement de l’eau, Lacaze (42 millions de francs de chiffre d’affaires en 1999, 63 salariés) s’intéresse depuis plusieurs années à la valorisation du pouvoir énergétique des déchets graisseux issus de l’industrie agroalimentaire, et plus précisément, à ceux des abattoirs de palmipèdes.
« Dans ces industries, le poste de production d’eau chaude est particulièrement lourd. Trouver sur place à la fois une solution pour traiter la question des déchets graisseux et pour alléger la note énergétique méritait d’investir un peu de temps et de moyens », explique Pierre Lacaze, P-DG de la PMI de Leyme, leader français sur le marché de la production d’eau chaude. La question occupera le département de recherche-développement pendant quatre ans et sera à l’origine d’un partenariat avec l’Institut Français du Pétrole (IFP). Une collaboration technique confortée en 1998 par l’entrée d’Isis Développement, l’outil financier de l’IFP, au capital de la société, à hauteur de 15,6 %
Un marché prometteur
La difficulté : transformer un mélange en fermentation et hétérogène (40 % de graisse, 30 % d’eau et 30 % d’acides aminés) en combustible homogène stabilisé. Ce nouveau produit, baptisé, « fat fuel », est composé à moins de 5 % par des adjuvants. Le procédé, qui fait l’objet d’un brevet international, permet la transformation des déchets graisseux en « fat fuel » en trois heures, à partir d’une réaction à froid et émulsion. Dans la foulée, un autocombusteur, le « fat fuel burner », a été développé. Le prototype brûle environ 1,2 tonne de « fat fuel » par jour pour une puissance de 300 kilowatts. À la sortie de la chaudière, le gaz atteint une température de 950° C. Au final, il reste 1 % de cendres, un déchet qui ne pose pas les mêmes problèmes d’élimination que les déchets graisseux.
Une installation pilote fonctionne dans l’abattoir de la coopérative La Capel, à Gramat (Lot).
La PMI cible le marché plus large de la valorisation des déchets graisseux de stations d’épuration. Le combustible pourrait servir au chauffage d’équipements communaux ou de quartiers d’habitation.
Lacaze compte engager dès le mois de juin la commercialisation et l’industrialisation du « fat fuel » et du « fat fuel burner », avec l’objectif à court terme d’implanter dix à douze installations par an en France, et, à plus long terme, de négocier des accords de licence pour exporter son nouveau savoir-faire.
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